Les bals du dimanche à Roubaix - Le Monde 21/03/2008

Publié le par meletpierre

Les bals du dimanche à Roubaix

LE MONDE | 21.03.08 |


ROUBAIX (NORD) ENVOYÉE SPÉCIALE


Vue prise le 17 janvier 2008 à Roubaix du bar-restaurant de la "Condition Publique", une ancienne manufacture affectée au conditionnement de la laine et de la soie, symbole de l'histoire de Roubaix.

 

Vue prise le 17 janvier 2008 à Roubaix du bar-restaurant de la "Condition Publique", une ancienne manufacture affectée au conditionnement de la laine et de la soie, symbole de l'histoire de Roubaix.


 

Au Bal des beaux dimanches de La Condition publique, on vient de tous les quartiers de Roubaix et de toute la métropole lilloise pour danser, le temps d'un après-midi, valse, paso-doble, rock, slow et salsa, au rythme de l'orchestre de la Compagnie du Tire-Laine.


Dans cette ancienne manufacture de traitement et de stockage de la laine et des soies, reconvertie en centre culturel pluridisciplinaire, le mélange des sonorités et des genres va de soi comme ailleurs dans la ville. Quartiers du Pile, de la Fosse-aux-Chênes, de l'Epeule ou centre-ville, Roubaix distille ses différences en s'enracinant dans les bâtiments phares de son identité industrielle, vestiges grandioses et solennels de ce passé pas si lointain qui la vit un temps capitale mondiale du textile.


Si, depuis, les usines ont fermé l'une après l'autre, si les entrepôts et les ateliers se sont vidés, leurs édifices aux allures de châteaux médiévaux, eux, sont restés au même titre que les hôtels particuliers, les maisons bourgeoises, les cités ouvrières et les courées - impasses étroites bordées de petites maisons individuelles.


Dans ce tissu urbain au maillage dense et fécond en joyaux de l'architecture industrielle, les bâtiments publics (gare, hôtel de ville) imposent tout autant leur présence et livrent d'autres histoires. L'ancienne piscine municipale, reconvertie en un merveilleux Musée d'art et d'industrie, rappelle ainsi que "la ville aux mille cheminées" fut aussi "la ville sainte du socialisme" que reconfigura, au début du XXe siècle, son maire, Jean-Baptiste Lebas, ministre du travail du Front populaire et père des congés payés.

"Temple moderne du sport", les bains municipaux devaient être le lieu de rassemblement de toutes les couches de la société et sa magnificence art déco le symbole de la fraternité. La nouvelle identité du lieu a conservé ses vestiges. Le grand bassin est devenu un chemin de sculptures disposées de part et d'autre d'un plan d'eau limité désormais à une bande étroite. Sur le pourtour, au rez-de-chaussée et au premier étage, les cabines ont été transformées en cabinets de dessins, de céramiques, de porcelaines et en comptoirs de bijoux et de tissus.

A l'arrière et dans les autres salles, tableaux, sculptures, arts appliqués et design déclinent d'autres collections, les expositions temporaires ouvrant à d'autres perspectives. Le lieu et la programmation (actuellement, "Le zoo d'Orsay" et "Bijoux sculptures : l'art vous va si bien") attirent : 219 000 visiteurs en 2007.

Personne pourtant, il y a dix ans, n'aurait parié sur l'avenir de Roubaix ni envisagé d'y passer la journée et encore moins d'y vivre. Chômage et pauvreté plombaient un paysage urbain, tenu en exil et impuissant à retenir sa population.

"La Piscine a été le vecteur d'image du renouvellement urbain et culturel de la ville", souligne le maire, René Vandierendonck. Elle a fait de Roubaix une ville fréquentable. Avec leurs faux airs d'East End, ses quartiers séduisent. Patrimoine industriel et culture vont de pair. Le Centre des archives du monde du travail loge dans l'usine Motte-Bossu. Le Centre chorégraphique national de la danse, dirigé par Carolyn Carlson, et la compagnie hip-hop Dans la rue répètent dans la tout aussi impressionnante usine Roussel et se produisent au Colisée, l'ancien cinéma de la ville, autrefois troisième plus grande salle de France, mais aussi ailleurs, au Garage, à La Condition publique et au Gymnase.


La mode a également pris ses quartiers dans la ville. D'ici à juin, une quinzaine de boutiques-ateliers de créateurs de mode, de textile et de design ouvriront dans le bâtiment jouxtant La Piscine et le long de l'avenue Jean-Baptiste- Lebas, grande artère reliant gare et mairie.

Roubaix bouillonne d'initiatives, crée des espaces verts et rénove les berges du canal. Les usines en friche, telle la minoterie, sont réhabilitées en loft, et la teinturerie est devenue un lieu branché où l'on déjeune ou dîne. Le dialogue des quartiers, qui s'est construit ici sur le principe de l'immigration et de l'intégration sociale par le travail, se prolonge en faisant de la création et du tissu associatif les vecteurs d'un changement ouvrant à un bal des plaisirs insoupçonnés.

  

 

 

Source : http://www.lemonde.fr/voyages/article/2008/03/21/les-bals-du-dimanche-a-roubaix_1026044_3546.html 

Publié dans La presse en parle...

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